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Recherche Une plate-forme de recherche en production ovine allaitante biologique

L’Inra, dans le cadre de ses recherches pour le développement de l’agriculture biologique, réalise une expérimentation depuis 1999 au sein de la plate-forme de recherche en production ovine allaitante. Dans un contexte de demi montagne, la conduite d’un élevage ovin allaitant en agriculture biologique pose de nombreuses questions, en lien avec le choix de l’espèce, le contexte pédoclimatique et la réglementation.

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Ainsi, La conduite sanitaire pose plus de problèmes qu’en élevage bovin allaitant et il est nécessaire de développer des itinéraires techniques limitant l’utilisation des concentrés (Aliment équilibré en énergie et protéines (céréales – protéagineux)). Le contexte pédoclimatique est difficile . La période de végétation est courte, accentuant l’importance des fourrages stockés. A cela s’ajoute la difficulté de faire des cultures de céréales et protéagineux dont les achats sont très coûteux. La réglementation en matière d’agriculture biologique prévoit quand à elle de fortes restrictions sur l’utilisation des produits chimiques, avec notamment l’interdiction d’utiliser des engrais chimiques mais aussi des traitements hormonaux, et une limitation des produits vétérinaires.

L’expérimentation menée de 1999 à 2003 au centre Inra de Clermont Ferrand – Theix avait plusieurs objectifs, que présente l’Inra :

L’interprétation des principaux résultats faite par l’Inra permet de dire que moyennant un suivi précis et une attention particulière permettant d’anticiper certains évènements, «il est possible en élevage ovin allaitant biologique, en zone de montagne, d’obtenir des résultats techniques de bon niveau, voire des productivités numériques très élevées » L’Inra cite notamment « 1.93 agneau sevré par brebis et par an en 2002 dans le système productif ; 1.52 dans le second » , précisant que « compte tenu du coût de certains intrants (concentrés), les marges par brebis obtenues entre les 2 systèmes sont comparables (77€/brebis), le système moins productif étant beaucoup plus autonome.

«Le taux de mortalité des agneaux (13% en 2002) et celui des brebis (3%) sont identiques voire inférieurs aux observations en conventionnel » indique encore l’Inra qui précise que «Le principal problème sanitaire rencontré dans ce type d’élevage, à savoir le parasitisme des animaux jeunes, a pu être maîtrisé (conduite au pâturage appropriée, niveau d’alimentation satisfaisant, traitement phytothérapique) puisque seulement 1% des agneaux sont sortis de la filière AB pour excès de traitement (>3) et que 64% des agneaux du système herbager n’ont eu aucun traitement allopathique chimique, y compris les agneaux d’herbe (qui reçoivent en conventionnel de 2 à 4 traitements antiparasitaires chimiques). »

L’expérimentation a également montré que « grâce au choix d’une race de brebis adaptée et au développement de techniques naturelles, une part significative des mise bas à l’automne (« contre-saison »)est possible, sans traitement hormonaux. »

Un bilan environnemental, très favorable, a pu être réalisé lors de cette expérimentation précise l'Inra. «Aucun risque de lessivage d’azote» et une «biodiversité faunistique et floristique intéressante mais avant tout liée à la diversité des milieux et des cultures», indiqu el'Inra.

Des questions demeurent et des problèmes se posent
« Sans engrais chimique de synthèse, ce sont avant tout les légumineuses qui alimentent les systèmes en azote, via la fixation symbiotique. », explique l’Inra. Or, « la baisse de teneur azotée des fourrages observée est certainement en partie liée à la régression des légumineuses, très perturbées par les 2 années climatiques difficiles 2002 et 2003 ». L’Inra estime que des années « normales » permettront de situer leur impact réel sur les rendements fourragers et sur les teneurs en azote des fourrages.

L’inra fait l’hypothèse qu’avec les fourrages utilisés, « le rationnement des agneaux en concentrés rallonge leur durée d’engraissement » , ce qui « pourrait conduire aux mêmes quantités globales de concentrés utilisées », « augmenter de 2 à 3 fois la quantité de foin qui leur est distribuée » et avoir finalement pour effet de «conduire à diminuer le lien au sol ». De plus, cette conduite pourrait aboutir à une dégradation de leur valeur commerciale (conformation), signale L’Inra.

Et si le bien fondé environnemental de ce mode de conduite est indéniable, «certains aspects doivent être approfondis dans le cadre de l’organisation des systèmes », indique l’Inra.
Parmi ces aspects, la pratique de fauches précoces pour l’obtention de fourrages riches en énergie et protéines doit être étudiée car elle induit une absence de floraison et de montée à graine.
Il faut aussi considérer la mise en place de prairies productives riches en légumineuses et ce afin de permettre « un déstockage important de carbone, composant de base de la matière organique du sol », précise l’Inra.

Cette expérimentation a également contribué à développer et valider des outils non spécifiques à l’agriculture biologique indique l’Inra qui cite en exemple « la traçabilité des agneaux engraissés à l’herbe et l’utilisation d’une méthode de spectroscopie infrarouge comme outil d’évaluation de la qualité des fourrages issus de prairies multi-espèces.»

En continuité de cette expérimentation, une nouvelle phase d’expérimentation pluriannuelle va être menée, avec pour objectifs l’analyse de l’évolution et de l’équilibre à long terme de systèmes conduits en agriculture biologique (fertilité des sols, fourrages, productivité…), leurs impacts environnementaux et la qualité des produits animaux.

 

NB : La Plate-forme de recherche en production ovine allaitante biologique du centre INRA de Clermont-Ferrand – Theix (1999-2003) fait partie de la plate-forme pluridisciplinaire qui a été mise en place sur le Centre INRA de Clermont-Ferrand – Theix dans le contexte du fort développement de l’Agriculture Biologique de la fin des années 90 et de la prise de position de l’INRA sur ce thème. Ce programme de recherche, soutenu par la DATAR et la région Auvergne, a été construit et est conduit en association avec le Pôle AB Massif Central (5 régions administratives et 18 départements) qui réunit producteurs, transformateurs, distributeurs en AB et les organisations scientifiques, techniques et de formation. Le GIS (Groupement d’Intérêt Scientifique) Bio Massif Central lui est associé, garant scientifique des programmes de recherche et d’expérimentation ; ce dernier réunit la recherche, les instituts techniques et la formation agricole. Cette structure est l’un des Centres Techniques Spécialisés de l’ITAB, travaillant plus particulièrement sur les productions animales. Le Pôle AB Massif Central a permis de coordonner le développement d’expérimentations de type système au sein de 3 établissements d’enseignement agricole qui en sont membres.

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